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Franz Schubert mil.828, du 11 au 20 novembre 2005

Rétrospective

1827. À la fin de l’année, Franz Schubert termine son «Voyage d’hiver»: vingt-quatre étapes du désespoir sur une route qui ne mène nulle part. Épuisé, il semble arrivé à un point de non-retour.

1828. Miracle ou catharsis? Sa santé, toujours fragile, lui laisse un peu de répit: profitant de cette accalmie, il se lance – avec une confiance retrouvée, avec la certitude que lui aussi a quelque chose d’unique à révéler – dans les premiers mois de l’année. Loin de lui l’idée qu’il s’agit de sa dernière... De toute façon, dans son état, il vit en sursis depuis longtemps. Ce sera une année consacrée à l’écriture. «Schubert ne faisait que composer, et ne vivait qu’accessoirement», évoque un de ses amis. Naissent alors des chefs-d’oeuvre à la saveur toute particulière. Mélange de brillance, d’effet de distanciation, de détresse et de joie. L’oeuvre d’un homme qui sait, qui a vécu. Et dans le bref espace d’un mouvement se côtoient désormais le drame absolu et la quiétude universelle. Schubert ne ressent pas le besoin de trancher. Depuis longtemps il a fait de la mort sa plus douce amie. Et pourtant, peu de musiciens ont su chanter aussi magnifiquement le bonheur de vivre. C’est que, pour lui, une fois admis le tragique de l’existence, il ne reste qu’à le célébrer. En créant le
beau. Partout. Tout le temps. C’est avec cet idéal en point de mire que nous avons célébré son œuvre dans notre festival, Franz Schubert mil.828.

Christophe Schenk, pour l’association contrepoint


D’abord il y a ce carton et cette affiche dotés d’une typographie qui détonne: large, posée en biais, Franz. Aussi assumé qu’un slogan. Il faut oser. Titiller la curiosité de ceux qui connaissent Schubert et ceux qui n’en ont que vaguement entendu parler, pari réussi.
Ensuite, vient le concept: dans sa dernière année de vie, sa trentième, Schubert, même affaibli, foisonne de projets, il écrit certainement quelques unes des plus belles pages de son oeuvre, Schubert mil.828 a l’audace de nous plonger pendant 10 jours dans cette récolte musicale exceptionnelle, le programme et les interprètes sont de haut vol, c’est décidé, on y va.
Premier soir, le 11 novembre 2005, la salle Del Castillo se découpe derrière un front de lac déchaîné. Belle affluence, chamarrée, tout esprit de chapelle se dissout au contact de l’esprit des lieux. Dans un même espace se succèdent un long zinc, puis une brasserie, des rangées de chaises puis enfin la scène. Comme un clin d’oeil à ce festival en tenue contemporaine et à note historique, les volutes anciennes de la salle sont gainées d’une résille d’échafaudages.
Le concert commence, une première, il s’agit de la restitution scrupuleuse de l’unique concert que Schubert a organisé le 26 mars 1828 afin d’y présenter ses œuvres. On s’y glisse, on se laisse faire car ici on prend le temps d’écouter la musique de celui qui n’en a pas eu assez.

Florence Grivel, spécialiste en arts visuels sur Espace 2


Des rais de lumière sur un génie crépusculaire.

Les œuvres de Schubert sont parmi les plus familières aux oreilles des mélomanes. Rares sont cependant les occasions de s’arrêter vraiment sur une période précise de la vie du compositeur. Pourtant, le parcours de vie hors du commun de ce musicien fascine autant qu’il soulève maintes interrogations.

Prendre un temps d’arrêt pour tenter de se relier aux préoccupations du génial Viennois, à la faveur d’un festival de musique qui lui est entièrement consacré, tel était le propos de cet énigmatique rendez-vous estampillé Franz Schubert mil.828. Les initiateurs s’étaient donné pour mission de mettre en lumière la part la plus trouble, la plus "clair-obscur" du musicien. L’occasion de brosser un portrait aux perspectives musicales plurielles et inattendues de Schubert a été saisie, un horizon incroyablement étendu permettant une moisson de chefs-d’œuvre s’est soudain ouvert.

Du point de vue de la teneur musicale, on se souvient aujourd’hui encore et toujours avec le même bonheur de la présence d’artistes investis dans leur art et dans la manière de le transmettre. Qu’il s’agisse de Nathalie Stutzmann interprétant le Chant du cygne, de Peter Rösel dans les dernières sonates pour piano ou de Michel Corboz dirigeant la Messe en mi bémol devant une salle comble un dimanche matin, tous les rendez-vous ont constitué un authentique accomplissement musical. Des souvenirs impérissables.

L’association contrepoint a façonné un festival autour d’un thème riche et complexe. Elle est parvenue à faire vivre, à faire ressentir ce que la musique de Schubert a de plus universel et de plus intime. Si la qualité des concerts a marqué les cœurs et les esprits, la magie des rencontres que favorisaient le Kaffeehaus installé pour l’occasion, les brunchs musicaux, la formule festivalière en ce lieu unique de la Salle del Castillo de Vevey ont pour leur part été des éléments qui ont clairement contribué à faire la différence d’avec une simple série de concerts. Ce fut un événement simple, porté par des idées lumineuses. Un modèle du genre qui est amené à connaître de nouvelles et très heureuses déclinaisons.

Bernard Halter, collaborateur 24 heures

 

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